Charles Montcharmont

Directeur du Théâtre des Célestins du 1906 à 1941

Lyonnais d'origine, Charles Moncharmont débute au Théâtre de la Gaieté, rue Diderot, à Lyon comme figurant. Puis il entre au Vaudeville à Paris et crée avec Réjane, Madame Sans-Gêne de Victorien Sardou, avant d'entreprendre ses premières tournées : à la création de Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand lui confie son œuvre qu'il fait connaître en Europe. Plus de cinquante pièces, comédies et opérettes sont créées à Lyon et sont ensuite jouées à Paris, en France et à l'étranger. Sous sa direction sont créées sur la scène des Célestins des pièces célèbres ainsi L'Habit vert de Flers et Caillavet, Knock, puis Volpone de Jules Romains, Siegfried de Jean Giraudoux, Topaze de Marcel Pagnol, Tovaritch de Jacques Deval.

De 1906 à 1909, il partage la direction du théâtre avec Hertz puis de 1909 à 1912 avec Violet. Il monte la Compagnie d'Opérettes nouvelles qui emploie soixante-quinze personnes, artistes, chœurs et ballets, et utilise sept cents costumes neufs et vingt décors. Cette compagnie donne des spectacles dans l'Europe entière. Charles Moncharmont importe à Lyon l'opérette viennoise, avec notamment La Dernière Valse d'Oscar Straus. Après la Première Guerre Mondiale, l'opérette moderne fait son apparition et les Lyonnais peuvent applaudir Phi-Phi en 1918, puis Dédé en 1922, Ta bouche en 1923 et Pas sur la bouche en 1926 avec Maguy Warna. Les opérettes classiques telles que Les Cloches de Corneville, Les Mousquetaires au couvent, Le Grand Mogol, La Mascotte, Mam'zelle Nitouche, Les Saltimbanques, ... font toujours recette. Certaines comédies célèbres ont été créées à Lyon avant Paris, pour ne citer que Ces dames au chapeau vert de Germaine Acremant ou Madame Putiphar d’Offenbach. Il instaure les premiers samedis littéraires avec le concours des grandes vedettes du monde artistique, théâtral et politique. Il crée aussi les matinées classiques du jeudi dès 1908, matinées qui donneront naissance à l’Abonnement classique.

Pendant les trente-cinq années de la direction Moncharmont, le Théâtre des Célestins a accueilli des grands noms de la scène : Maurice de Feraudy, doyen de la Comédie-Française, Max Dearly, Jean Sarment, Cécile Sorel, Jules Berry, Ludmilla et Georges Pitoëff, Huguette Duflas, Maurice Escande, Louis Jouvet, Charles Dullin, Elvire Popesco, Sacha Guitry, Madeleine Renaud, Pierre Dux, Lucien Rosenberg, Hélène Perdrière, Germaine Dermoz, Roger Gaillard, Jean Weber, Fernandel et combien encore, sans omettre les gloires du music-hall : Raquel Meller, chantant La Violetera en 1928, Joséphine Baker en 1931, Marie Dubas, Mistinguett, Maurice Chevalier, Lucienne Boyer, Lys Gauty, Georgel, Alibert, ...

Sa direction marque une rupture avec l’image populaire du théâtre des Célestins de la deuxième moitié du XIXe siècle. C’est un théâtre de divertissement dont le registre est axé sur le vaudeville, le mélodrame, les pièces à spectacles, les opérettes et les revues de fantaisies comme la plupart des théâtres en France au début du XXe siècle.

Le lundi 18 juin 1937, une grande soirée de gala est organisée par l'Association des Amis des Célestins pour célébrer les trente ans de sa direction. La Comédie-Française lui apporte un solennel hommage en jouant ce soir-là Denise.

Charles Moncharmont meurt le 27 février 1941. Pendant quelques mois, sa femme le remplace à la direction mais elle se retire en juin 1941.